Sauf que ce fameux p*tain de virage qui me surprend 1 fois sur 3, aujourd'hui ne m'a pas juste surpris. Tout droit, une roue dans la terre, deux roues dans la terre. En un fraction de seconde, dans ma tête c'était "bon, les roues sont dans la terre, j'ai relâché les freins, j'vais ptête réussir à remettre la moto sur le macadam sans bobo". Et puis j'ai aperçu ce que j'ai pris pour une souche d'arbre, qui s'est plus tard avéré être un rocher. Qui nous a fait un magnifique tremplin.
J'ai d'abord senti que Clo n'était plus derrière moi, puis la moto m'est tombée sur la jambe avant de glisser sur la route dans un fracas métallique. Je me suis relevé de suite sans sentir la moindre douleur, pour apercevoir Clo 2m plus haut, allongée, en train de gémir. J'ai eu les bons réflexes, style touche pas le casque, je vois que t'as du mal alors cherche pas à te relever, reste allongée, bouge tes membres un à un, ou est-ce que tu as mal... Est-ce que ça va, est-ce que tu sais où on est... Tout va bien, Clo est parfaitement consciente, mais à mal aux genoux et au fessier... Des motards s'arrêtent par dizaines, une voiture également, 2 des personnes disent être des pompiers, puis appellent le 18...
Les pompiers arrivent très vite, ainsi que la gendarmerie... Racontage des faits, donnage des coordonnées, remerciement de tous ceux qui se sont arrêtés. Viendra plus tard la dépanneuse pour ma moto, puis le taxi qui m'emmènera à l'hôpital où Clo a été conduite par les pompiers, sur civière, minerve, couverture de survie... Tout pour me rassurer... Durant cette interminable attente à côté de ma moto sur le trottoir, de nombreux motards, passant au ralenti, me font signe, me demandent si tout va bien, l'un s'arrête même, voyant l'état de la moto, pour s'assurer que tout va bien et que j'ai pas besoin d'aide...
J'arrive à l'hôpital, j'attends une bonne demie-heure aux urgences avant de pouvoir aller voir ma passagère... Le micro dans le casque lui a fait une belle marque sur le menton, son genou est un peu ouvert, elle a une petite mine, les yeux humides, une joue toute rouge... En effet, son casque n'est pas beau à voir... Puis on apprends ensemble que les radios sont bonnes, tout va bien, rien de cassé, aucune lésion, juste des contusions, des courbatures à prévoir demain... Nous quittons l'hôpital de Rambouillet, rentrons à Paris en train, allons manger un morceau et boire un coup au Rouge-Limé où nous avons diné hier avec une petite partie du forum...
Pour ma part, j'ai une insoutenable douleur dans la hanche côté gauche, là où je suis tombé, ainsi que dans le dos malgré la dorsale qui a bien joué son rôle... Mon bras gauche est très douloureux aussi, malgré encore une fois la coque présente dans le blouson qui a bien amorti le choc... Et la moto tombée sur la jambe, ça pique sévère, mais je marche, donc rien de grave. Mais plus que la douleur, plus que mon côté matérialiste qui me fait pleurer ma moto, j'ai sur la conscience le fait d'avoir foutu ma meilleure amie par terre.
Le traumatisme est là, la douleur aussi, et même si "elle n'a rien", je m'en veux horriblement de m'être croûté avec elle, car se bourrer tout seul c'est une chose, emmener des gens avec soi c'en est une autre... Bref, après des heures de discussion et de refaisage de la scène entre nous, notamment dans le tuyaucom le "oh putain oh putain oh putain oh putain.... OH NOM DE *PAF*", nous avons réussi à en arriver à plaisanter sur ce t-shirt vu une fois sur un motard, portant l'inscription "if you can read the shirt, the bitch fell off" (littérallement "si vous pouvez lire ceci, c'est que ma pute est tombé" ), et elle ne m'en veut pas et se sent bien. Moi je m'en veux quand même et n'ai de cesse de me répandre en excuses...
Le bilan des dégâts ? À vue d'oeil, jante avant éclatée, pneu crevé, fourche tordue, radiateur + écope HS, coque de réservoir, clignotants, sélecteur de vitesse, béquille, porte-béquille, guidon, rétro, carter, compteur, repose-pied... Et un appareil photo à 350€ en deux morceaux.
Place aux photos...
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